« La notion de temps ne me semblait importante qu'en musique. Sans lui n'existe aucune oeuvre musicale, si courte soit elle.
En découvrant l'oeuvre de Denise Arbert, j'apprenais qu'il existe également un élément temporel en peinture. Celui-ci prenait peu à peu encore plus d'importance qu'en musique : il me fallait le créer pour apprécier la peinture, alors qu'il est donné en musique.
J'apprenais à cheminer à travers ces oeuvres, cela me prenait du temps.
De plus,
je ne suis jamais arrivé à en réduire l'impression subjective. Alors qu'en musique, on a l'impression que le temps s'élimine avec une connaissance plus approfondie de l'oeuvre, en peinture, ce temps s'étale.
La peinture de Denise a une profondeur, au sens réel du terme. Une plasticité quasiment à l'opposé du trompe-l'oeil.
Sans utiliser d'artifice, chaque couleur reçoit sa propre dynamique, sa propre vitesse. Celle-ci est au plus haut degré dépendante de la forme qu'adopte chaque couleur. Il s'agit
de tempi comme on les trouve primairement en musique, mais qui ne se découvrent qu'en fin de parcours en peinture.
On sait que la musique n'existe que si elle résonne, il lui faut un interprète. On ne le sait pas encore assez en peinture : celle de Denise n'existe que si on découvre son chemin . Avant il n'y a que des couleurs semblables à celles de nos impressions quotidiennes. Après, il reste cette grandiose impression de temps écarté. »
M. U.